Jubilee Plenary Session of the Pontifical Academy of Sciences...
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ion de la grâce pour ne considérer que sa seule structure psychologique, est, par rapport à d’autres actes de la raison, imparfait. Saint Thomas fait ossserver que la foi, en vertu de sa non-évidence, comporte une sorte d’inquiétude, irrequietudo. On comprend aussi pourquoi la foi est comme habitée par un élan eschatologique, qui la fait aspirer à la claire vision. 8. Les aspects de la foi chrétienne que j’ai sommairement énoncés nous aident à comprendre la raison d’être et les finalités d’un Magistère de l’Eglise. Le Magistère se situe dans le prolongement et au service de la Parole de Dieu. Celle-ci nous étant donnée d’en haut demande de la part du croyant un acte d’obéissance et de soumission. C’est pourquoi, au service de la Parole, le Magistère se prononce, quand il se prononce et selon qu’il se prononce, avec autorité. La théologie s’est interrogée sur la nature, sur les modalités d’exercice, et sur les degrès de cette autorité. Selon la foi catholique, cette autorité, dans l’exercice de son service, jouit de l’assistence de l’Esprit Saint. Cette assistance atteint son point extrême là où il s’agit de déclarer l’authentique contenu de la foi. Cette assistance alors jouit de l’infaillibilité, c’est-à-dire qu’elle est garantie de l’erreur. À mon avis, pour notre sujet, nous n’avons pas à nous arrêter à ce type d’assistance, dont le champ d’exercice est clairement délimité. La grande majorité des interventions du Magistère ecclésiastique se situent en deçà. Son autorité est certes ici encore engagée et jouit d’une assistance de l’Esprit, mais qui ne va pas jusqu’à exclure la possibilité de l’erreur. Ici il arrive que le Magistère se trompe, ce qui ne veut pas dire qu’il se trompe toujours! Et dès lors que son autorité est en jeu, du fidèle est requise une attitude d’accueil, de docilité bienveillante, conforme à la nature de l’autorité qui se prononce. Pour désigner ce type d’intervention, la théologie parle de pouvoir canonique et d’assistance prudentielle. Le pouvoir canonique s’exerce dans l’ordre des directives pratiques, mais il s’étend aussi à des questions doctrinales, comme nous l’avons vu dans le cas de Galilée. C’est à propos de lui que peut se poser la question du pardon et, préalablement, celles de correction et de réhabilitation. À travers les directives de cet ordre, le Magistère exerce son ministère pastoral. Celui-ci vise l’ensemble des fidèles, ou des portions du peuple de Dieu particulièrement exposées. Son but est de préserver la foi et de mettre en garde contre des obstacles sur la voie du salut. Soulignons que de telles directives, dans la mesure où elles entendent répondre à un défi surgi de circonstances particulières à un moment précis de l’histoire, comportent une part de contingence. L’autorité est-elle toujours suffisament informée, se montre-t-elle suffisament attentive aux signes des temps, tient-elle suffisament compte des leçons de l’expérience? ce sont là des questions qu’avec d’autres du même type, il est légitime de se poser. La méditation sur les faux-pas du passé doit aider qui exerce l’autorité, à le faire dans la conscience de sa fragilité, cum timore et tremore, en suppliant pour obtenir les lumières du Ciel. Ainsi, dans l’histoire de l’Eglise, des directives ont pu créer des tensions déchirantes pour la conscience de croyants sincères. Disons que GEORGES COTTIER, O.P. 292 ERREUR, CORRECTION, RÉHABILITATION ET PARDON 293 dès que les failles ou le caractère obsolète de semblables directives sont perçus, elles sont du même coup désavouées et se trouvent nulles et non avenues1. En écrivant ces lignes, je pense à un certain nombre de directives en matière d’interprétation de la Bible données au début du XX° siècle, alors que dominait l’exégèse libérale d’inspiration rationaliste. Ces directives étaient avant tout défensives. Elles ont posé de douloureux cas de conscience à des chercheurs catholiques comme le P. Lagrange. Elles visaient sans doute à protéger la foi du peuple chrétien, nullement préparé à subir le choc de cette exégèse et de son esprit. On est allé à l’immédiat, sans discerner toujours les vrais problèmes qui se posaient. Mais ignorer un problème, ce n’est pas le résoudre. Aujourd’hui, tout cela heureusement appartient au passé. 9. De ce qui précède, se dégage une conclusion. Une des tâches de la théologie est sans doute cette (re)lecture de l’histoire de l’Eglise et notamment des interventions du Magistère dont nous venons de parler. Pour être authentique, la critique, car cette relecture est oeuvre de critique, doit obéir à un certain nombre de critères, et éviter un certain nombre d’écueils. Le premier écueil est celui de l’historicisme. Il consiste à éliminer le problème en posant en principe que toute doctrine et toute affirmation sont entraînées par le flux du temps et portent en elles-mêmes la marque du provisoire et leur caducité. Il n’y aurait aucune vérité permanente. Le second écueil est l’anachronisme. En effet, pour juger d’un événement du passé, ici d’une prise de position doctrinale de type prudentiel, il faut la situer dans son contexte historique et culturel. Certaines interventions étaient justifiées à leur époque, qui ne le seraient plus aujourd’hui. Elles ont perdu leur pertinence: ce n’est pas une raison suffisante pour dire que leurs auteurs se sont fourvoyés. En réalité, il faut examiner cas par cas; ainsi l’exige la nature de l’histoire. À ce propos, nous pouvons proposer certaines remarques. 1 Cf. à ce sujet Cardinal Charles JOURNET, Le caractère théandrique de l’Eglise source de tension permanente, in L’Eglise de Vatican II, Paris, Le Cerf, 1966, Unam Sanctam 51 b, pp. 308-310. Le même auteur a longuement traité de ces questions dans son monumental ouvrage L’Eglise du Verbe Incarné, I La hiérarchie apostolique, Editions Saint-Augustin, 1998, notamment ch. VII, p. 676-776. Il n’est pas rare que l’émergence d’idées nouvelles non seulement bouscule des habitudes mentales, mais encore, à cause des résistances rencontrées, prenne une forme polémique qui à son tour suscite une riposte elle aussi polémique. L’histoire des idées en Europe, y compris des idées religieuses, est porteuse de beaucoup de passions. Une idée pour s’imposer a besoin du temps. Elle doit connaître des maturations, être soumise à l’épreuve des objections, on doit en mesurer les conséquences. En percevoir du premier coup les fondements et les prolongements demande une perspicacité qui n’est pas toujours donnée. T.M.A. n.33, cité plus haut, parle de retards. Si j’ai fait référence à la dimension d’engagement de la foi, dimension qui lui est intrinsèque, c’est à cause des attitudes de docilité qui sont requises du croyant, sous la mouvance de la foi et en cohérence avec la foi. Mais aussi parce que ce peut être une tentation pour l’autorité de régler certains problèmes, en eux-mêmes intellectuels, par voie disciplinaire alors qu’il s’agit plutôt d’expliquer, de persuader et de convaincre. D’une manière semblable, quand l’autorité est amenée à condamner un écrit, ce qu’elle fait en réalité c’est d’en déclarer l’incompatibilité avec le message de la foi et d’alerter la conscience des chrétiens sur cette incompatibilité. Mais il convient de souligner fortement qu’une telle condamnation porte sur des idées, non sur la personne. Se tromper, exposer des idées fausses doit être distingué d’un délit. 10. Tout cela nous paraît clair aujourd’hui, pour un double motif. L’un tient à l’histoire et à des siècles révolus dont cependant la mémoire à perduré longtemps comme une sorte d’idéal perdu qu’il s’agissait de reconquérir. Je parle du régime de chrétienté et de sa nostalgie. Ce régime était caractérisé par le lien étroit entre l’Eglise et l’Etat, la société étant une société composée de chrétiens. L’identité religieuse avait ainsi une incidence politique et juridique directe, à tel point qu’une dissension au niveau religieux signifiait aussi une rupture par rapport au corps politique. Le recours au bras séculier s’explique par cette situation. De même, à l’inverse du pluralisme aujourd’hui reconnu, l’unanimité dans la croyance était retenue comme une condition du bon fonctionnement de la société politique. Il s’agit là d’une problématique qui est dorénavant révolue. Une dernière question se pose. Pourquoi la demande de pardon et ce retour sur le passé? Je laisse ici de côté la signification théologique de la GEORGES COTTIER, O.P. 294 ERREUR, CORRECTION, RÉHABILITATION ET PARDON 295 demande de pardon2, pour ne retenir que deux points. D’abord, ce retour sur le passé n’a de sens que s’il permet d’aborder avec plus de lucidité le présent et l’avenir. Et si cela est possible, c’est que l’Eglise a une vision positive du sens du temps et de l’histoire dont elle entend lire les signes. Autrement dit, derrière cette démarche, il y a la conviction qu’au cours du temps la conscience évangélique, je veux dire des exigences de l’Evangile, progresse. Dans sa marche dans l’histoire l’Eglise apprend, réfléchit, mûrit. L’examen de conscience requiert d’abord le travail des historiens, mais aussi une réflexion théologique sur l’histoire. Tel est le sens de la purification de la mémoire. Elle porte aussi sur les interventions qui touchent le domaine des idées considérées dans le contexte de leur émergence dans le temps. Il peut ainsi être question de corrections et de réhabilitations, de demandes de pardon pour les blessures infligées et les malentendus crées. Tout cela à la lumière d’une conscience sans cesse avisée et attentive aux exigences évangéliques. 2 Cf. mon ouvrage, Mémoire et Repentance, Saint-Maur, éd. Parole et Silence, 1998, 114 p. LOGIC AND UNCERTAINTIES IN SCIENCE AND RELIGION*
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