Pathologies de l’« âme indigène »

Les écrits des juristes et administrateurs coloniaux français de la première moitié du xxe siècle sont ponctués d’expressions telles que « mentalité indigène », primitive âme ou encore esprit ». Évoquant un univers mental autre, ces formulations utilisées pour légitimer le recours à droit spécial, adapté au niveau développement psychique populations colonisées. Que se passe-t-il lorsque l’altérité constitutive l’indigène double d’une différence supplémentaire qui touche sphère santé mentale ? Dans quelles circonstances dans quels contextes les juges saisissent-ils maladie colonisées Quel rôle jouent médecine, psychiatrie et, plus largement, sciences psychisme définition progressive d’un savoir juridico-administratif sur folie À lumière questionnements, cet article s’arrête certains discours certaines pratiques juridico-administratifs, prennent en compte l’univers territoires l’Afrique française subsaharienne Madagascar durant période l’entre-deux-guerres. L’analyse fait jaillir labilité frontière sépare l’« ordinaire » pathologique l’âme indigène. Fortement marqué par postulats ethniques raciaux, l’imaginaire africaines construit travers d’échanges, d’emprunts, convergences d’affrontements avec médecins aliénistes psychiatres Au seuil années 1940, traitement indigènes définit une négociation permanente entre différents pouvoirs savoirs présence situation coloniale. Alors instances politiques administratives instrumentalisent psychisme, 1920, revendiquent participation active prise décisions politiques, essayant domestiquer, voir d’exclure, locaux. La condition légale l’Africain mentalement atteint sort morcelée.